Nicolas Sarkozy n’est pas encore candidat, mais ses discours de campagnes s’enchaînent au rythme des vœux présidentiels. Jeudi 5 janvier, lors de la présentation des vœux au monde de l’éducation, il a détaillé son programme de réformes du système scolaire qu’il compte mettre en place s’il est réélu. Pour le président il faut « Accepter au nom de l’égalité de traiter différemment celui qui est différent. Je répète, au nom de l’égalité, traiter différemment celui qui est différent. » La droite veut donc généraliser une école à plusieurs vitesses pour que tous les élèves soient égaux… Il fallait y penser !
Pourquoi ne faut-il pas donner la même éducation à tout le monde ? Parce que tout le monde n’a pas les mêmes moyens nous dit le Président : « L’inégalité la plus choquante, elle n’est pas dans l’écart de richesses, elle est entre celui qui a fait de bonnes études, qui le préparent à un bon avenir professionnel et celui qui n’a pas eu ce patrimoine. La justice, parce qu’au nom d’une fausse conception de l’égalité, on avait fini par croire que le rôle de l’Education nationale était de donner la même chose à tout le monde. Je voudrais dire qu’avec cette idée de donner la même chose à tout le monde, ce sont les élèves les plus défavorisés qui sont lésés…. » Dans ce numéro d’anthologie, c’est l’inconscient de la pensée sarkozyenne qui parle : les inégalités de richesses sont normales… et justifient des différences de traitement dans l’accès à l’éducation… Et tout cela au nom de la justice ! Et, ceux qui pensent que les écarts de connaissance vont aggraver les écarts de richesses ont vraiment les idées mal placées…
Plusieurs réformes sont annoncées. Sarkozy veut d’abord en finir définitivement avec le collège unique qui représente cette ambition de donner à chaque élève un socle commun de connaissances. Il veut « assumer la diversité des parcours en 4e-3e », et donc accroître la réorientation pour des élèves dès 14 ans. Mais le cœur de la réforme c’est l’extension du principe d’autonomie des établissements – imposé à l’université avec la loi LRU - dans les écoles, les collèges et les lycées. Le chef d’établissement serait un véritable « patron » chargé de recruter les personnels, de les évaluer, de gérer son établissement pour en faire le lieu le plus compétitif possible. C’est évidemment une logique de concurrence impitoyable entre établissements qui serait ainsi amplifiée. Et plus de concurrence entraîne plus de sélection, pour obtenir les meilleurs taux de réussite, et donc la mise à l’écart des élèves qui sont jugés pas suffisamment performants pour l’établissement. C’est une violence de l’institution scolaire encore plus forte qui s’exercerait envers les élèves.
Pour imposer ce bouleversement, Nicolas Sarkozy propose également une modification du statut de l’enseignant, qui serait incité à être plus présent dans l’établissement (alors qu’aucun enseignant ne dispose de bureau pour travailler…) en promettant – sans rire – une « rémunération considérablement augmentée »… et qui serait également soumis à une évaluation régulière par le chef d’établissement.
Ce projet est destructeur. Il cherche à imposer la brutalité de la logique libérale au système éducatif qui a été saigné à blanc depuis 10 ans. Après avoir déshabillé Pierre, Paul et Jacques pour habiller les banquiers, Sarkozy dit au monde éducatif, battez vous entre vous pour que les meilleurs survivent ! C’est le « monde nouveau » qu’il nous propose. C’est l’inverse de ce qu’il faut faire pour reconstruire l’école. Le Front de gauche défend pour cela un plan d’investissement massif dans l’éducation, pour rétablir tous les postes qui ont été supprimés par la droite et pour en finir avec l’école à plusieurs vitesses qui accentuent les inégalités sociales au lieu de les corriger. C’est aussi une école de l’émancipation que le Front de Gauche veut développer, qui permette la participation de tous à la vie scolaire, pour permettre à chaque élève d’acquérir la culture générale et professionnelle nécessaire qui lui permette d’être réellement autonome.